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Entretien : Sandra Dovero

Ingénieure de recherche à l’IMN, Sandra Dovero franchit une nouvelle étape en lançant une plateforme d’histologie. Elle nous raconte son parcours et les raisons qui l’ont poussée à proposer ses services aux projets externes.

Votre parcours est un bel exemple pour les jeunes qui sont attirés par le monde de recherche mais ne souhaitent pas se diriger vers de longues études. Pouvez-vous nous en parler ?

Etudiante à l’Université de Toulon et du Var, je suis arrivée à Bordeaux en avril 1996, à l’occasion de mon stage de fin de DUT de biologie appliquée. Les débouchés de ce diplôme étaient majoritairement destinés à une activité professionnelle en laboratoire d’analyses médicales mais, ayant découvert le monde de la recherche lors de ce cursus, j’ai orienté ma recherche de stage vers les unités Inserm et CNRS de toute la France dont la thématique était en lien avec la possibilité d’une recherche translationnelle.

C’est Bernard Bioulac, alors directeur de son laboratoire, qui m’a donné ma première réponse positive à ces demandes, marquant ainsi le début de ma carrière de technicienne contractuelle dans l’équipe de Christian Gross. J’ai alors commencé à travailler avec Erwan Bézard, qui venait de commencer sa thèse. Dès mon arrivée, j’ai été en charge de développer la validation d’un modèle murin de la maladie de Parkinson chez la souris (Modèle MPTP). Lors de cette validation, j’ai développé l’ensemble des techniques de neuroanatomie : du traitement des animaux jusqu’à l’analyse quantitative des tissus.

En 1999, j’ai réussi le concours externe de Technicienne de Classe Normale du CNRS. Les besoins de l’équipe en histologie étaient croissants, j’ai dû délocaliser mon activité dans différents laboratoires qui possédaient les équipements nécessaires (cryostats, microscope couplé à une caméra, …) avant que nous obtenions les financements nécessaires pour nous équiper nous-même.

En 2007, j’ai obtenu une licence de biotechnologie à l’Université de Bordeaux grâce au soutien de la cellule formation du CNRS. Cette même année, c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai réussi un nouveau concours pour devenir ingénieure d’étude. ce succès a constitué une reconnaissance majeure de mon implication dans mon travail, et je n’oublierai jamais le moment où j’ai vu mon nom sur la liste des résultats !

J’ai continué à collaborer avec Erwan Bezard, qui a ensuite repris l’équipe de Christian Gross avant de fonder l’IMN. J’ai notamment participé à un projet en Espagne sur une grande cohorte de babouins avec Benjamin Dehay. Ce projet a donné lieu à plusieurs publications dont certaines sont encore en cours. J’ai également eu l’opportunité de partir en Chine à plusieurs reprises pour former une équipe sur place afin qu’ils soient autonomes dans la réalisation d’études histologiques et quantitatives. Cette collaboration a été extrêmement enrichissante, elle m’a permis de participer à une multitude de projets scientifiques, repoussant sans cesse les limites de mon savoir et de mes compétences.

C’est donc avec cette expérience que j’ai décidé de postuler à nouveau aux concours internes du CNRS pour devenir Ingénieure de Recherche. La troisième tentative fut la bonne, et en 2018, à nouveau mon investissement a été récompensé, et mes compétences reconnues !

Aujourd’hui, et ce depuis 7 ans, j’accompagne les candidats dans la préparation des concours internes auprès du CNRS. C’est une mission qui me tient vraiment à cœur !

Vous venez de développer une plateforme d’histologie : HistoCARE. Comment est-elle née ?

Lorsque nous avons emménagé au Centre Broca, où j’ai pu concevoir en grande partie le nouveau plateau technique dans lequel je travaille, j’ai pu constater que notre équipe était loin d’être la seule à avoir des besoins en histologie. J’ai donc commencé à envisager de mutualiser mes activités au sein du laboratoire. La structuration d’un service mutualisé ouvert aux autres équipes de notre unité s’est donc faite naturellement au sein du laboratoire. En 2017, j’ai eu la chance de commencer à travailler avec Nathalie Biendon, technicienne statutaire au CNRS, qui a été affectée à temps plein avec moi sur ce service, pour lequel je consacrais une partie de mon temps en partage avec mon équipe.

En janvier 2021, au renouvellement de notre unité, j’ai proposé de me consacrer à temps plein avec ma collègue à la gestion de ce service, que je souhaitais voir évoluer vers une plateforme de prestation de service au sein de l’IMN. Nous avons d’abord testé cette idée sur une activité uniquement interne à notre unité, à la fois pour évaluer l’activité et les besoins réels, mais également pour pouvoir se structurer dans notre fonctionnement et définir le périmètre des services proposés.  Cette année, j’ai commencé à recevoir des demandes d’autres équipes de la communauté de Bordeaux Neurocampus mais aussi de l’extérieur. J’ai donc proposé à Thomas Boraud, actuel directeur de l’IMN, de nous structurer en plateforme de service. Ainsi est née HistoCARE la plateforme d’histologie de l’IMN désormais ouverte à la communauté scientifique bordelaise… voire au-delà.

Quels sont les services que vous souhaitez proposer à travers HistoCARE?

Nous possédons aujourd’hui des moyens humains (2 personnes plein temps statutaires), des équipements (cryostats, vibratomes, divers automates, différents postes de microscopie champ clair ou fluorescence, scanner de lame virtuelles, postes d’analyses off line, …) et surtout de l’expertise (pour ma part plus de 25 ans d’activité dans le domaine, plus de 10 pour ma collègue).

Au sein de cette plateforme, nous proposons des prestations (entièrement réalisées par nos soins) de tout ou partie de projets faisant appel à des techniques d’histologie principalement dans le domaine des neurosciences telles que :
– Prise en charge des tissus déjà prélevés
– Découpes de tissus
– IHC (fond clair et fluorescence)
– Colorations
– Lames virtuelles et Analyses d’images

La particularité de notre offre de service réside dans la capacité à gérer de grandes cohortes quasi toutes espèces confondues sur les techniques de routine. La tarification mise en place n’incluant pas de masse salariale, les tarifs sont particulièrement attractifs pour les laboratoires académiques.

Mon objectif est de mutualiser notre savoir et de collaborer avec différents chercheurs, d’où qu’ils viennent, pour les aider à réaliser leurs projets en utilisant toutes les possibilités qu’offrent nos compétences en histologie dans une démarche qualitative et d’amélioration continue.

HistoCARE reste une entité de l’IMN, donc nous priorisons les demandes de notre institut. Bien entendu, nous restons vigilantes pour garder un équilibre entre la demande et ce que nous pouvons proposer : il est primordial de ne pas compromettre la qualité de notre travail ou la santé de notre équipe.

Je vais prochainement ouvrir une partie de notre site intranet pour en faire sa présentation succincte et communiquer sur les services que nous pouvons proposer.

Contact :


Propos recueillis par Julien Campet

Publication: 26/09/23
Mise à jour: 03/10/23