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Entretien avec Juan García Ruiz

Juan García Ruiz

Les laboratoires de Bordeaux Neurocampus accueillent chaque année de nombreux étudiants. L’un d’entre eux, Juan García Ruiz est étudiant en master de neuroscience dans le parcours NeuroBIM à l’université de Bordeaux. Il effectue actuellement son stage sous la tutelle d’Aude Panatier dans l’équipe Relations Neurone-Glie du Neurocentre Magendie. Féru de vulgarisation, il est le co-fondateur et auteur de Neuronhub, un site sur les neurosciences à destination du grand public.

D’où vient votre appétence pour les neurosciences ?

J’ai toujours été très curieux. Alors quand j’ai appris, enfant, qu’il existait un métier consistant à poser des questions et à essayer d’y répondre, je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. J’ai commencé mes études par une licence de psychologie à Madrid. Toutefois, après un stage de recherche sur la maladie d’Alzheimer par une approche neuropsychologique, j’ai compris que ce qui m’intriguait n’était pas seulement le comportement humain d’un point de vue clinique mais aussi d’un point de vue fondamental. J’ai donc complété ma formation par une licence de biochimie à Toulouse et par le master de neuroscience de l’université de Bordeaux.

En parallèle, je nourrissais déjà mes lectures de contenu scientifique vulgarisé. J’ai toujours été déçu par le manque de rubriques « science » des journaux généraux. Je voyais dans mon entourage que les gens avaient peur de la science, peut-être à cause d’un langage trop technique. Tout le monde peut s’intéresser à l’économie ou à la politique mais pourquoi la science s’adresse-t-elle aux scientifiques ?

En gardant cela à l’esprit, j’ai contacté plusieurs rédacteurs de journaux de vulgarisation et j’ai fini par créer Neuronhub avec mon ami Jesus Copado, ingénieur en informatique. Il collabore avec moi dans le design du site. Et, même si je suis l’auteur, il faut rappeler que c’est un projet à deux.

Vous êtes le créateur de Neuronhub, pouvez-vous nous en parler ?

Neuronhub est un site de vulgarisation que j’ai co-créé il y a 3 ans. On qualifie souvent les sciences d’incompréhensible et de soporifique. De cela découle l’objectif premier de Neuronhub : divertir et faire découvrir les neurosciences autour d’une tasse de café. J’ai débuté en produisant du contenu en espagnol où je traitais les sujets de manière simplifiée. En proposant plusieurs perspectives sur la question, j’espérais donner au lecteur la possibilité de se forger sa propre opinion.

Avec le temps, des visiteurs d’autres pays ont afflué et j’ai traduit certains articles en anglais et en français. Le format, lui aussi, a quelque peu changé : les publications les plus récentes s’articulent autour d’une interview. Le but est aussi de rendre le travail des scientifiques plus médiatisé. Je ne veux pas que la recherche reste destinée à la paillasse sans atteindre la société.

Pourquoi illustrez-vous vos articles avec des peintures ?

Illustrer les articles par des œuvres d’art était un moyen pour moi d’insuffler un peu de créativité dans la science. Bruegel, Munch, Dali, Magritte, Botero… Ces pièces permettent de créer une porte d’entrée qui laisse libre au lecteur de se faire sa propre impression, les œuvres suggérant l’article. L’art m’attire, surtout le piano que j’ai découvert au conservatoire pendant mon enfance. Après une longue période d’arrêt, cette passion s’est réveillée et aujourd’hui je pratique dès que possible.

La science devrait toujours avoir un côté créatif et j’essaie de promouvoir ça. Pour moi, il en va de l’intérêt des chercheurs de s’inspirer de l’art et de faire preuve de créativité pour faire avancer la recherche. La méthode scientifique est notre outil pour progresser mais parfois le moteur, c’est l’imagination.

Comment voyez-vous le futur du site ?

A l’avenir, j’aimerais bien que le projet prenne plus d’ampleur. Agrandir l’équipe avec des personnes à la rédaction ou à la communication permettrait au site de se développer. Pour le moment je fais tout : publication, bibliographie, contact, entretien, transcription, traduction. Toutefois, je suis déjà très content de ce qu’est devenu Neuronhub, avec le nombre de lectures et le rythme de publication. Le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux ont fait leur chemin. Je suis ravi et j’espère que ce n’est que le début.

Pour découvrir Neuronhub :

https://www.neuronhub.org/

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Propos recueillis par Alban Belloir

Publication: 14/04/22
Mise à jour: 15/04/22