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Entretien avec Arthur Leblois

Arthur Leblois

Arthur Leblois est chargé de recherche CNRS. Depuis le 1er janvier 2022, il dirige, avec Nicolas Mallet, l’équipe « Dynamique des Réseaux de l’Apprentissage Procédural »  à l’IMN (Institut des maladies neurodégénératives). Impliqué dans l’impact environnemental de la recherche, il est membre du collectif Labos 1point5.

Qu’est-ce que le Labos 1point5 ?

Le Labos 1point5 est un collectif structuré en groupement de recherche initié par des chercheurs dont le but est de mener des actions de développement durable au sein de leur laboratoire. C’est par exemple sous l’influence de ce collectif qu’a été créé un GdR (Groupement de Recherche) soutenu par le CNRS, l’Inrae et l’Ademe.

Malgré l’obligation légale d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre pour toute entreprise ou établissement public de plus de 500 personnes, nos tutelles (Universités, CNRS, Inserm…) ne l’ont pas encore fait. Le but du collectif n’est pas que les institutions imposent l’évaluation mais que chaque laboratoire décide de faire le bilan et de la mise en œuvre des actions nécessaires.

Lorsque j’ai entendu parler de ce projet, je me suis très rapidement porté volontaire pour que les émissions de mon laboratoire soient évaluées grâce aux outils développés par le collectif.

L’un de ces outils permet d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre (GES), comment fonctionne-t-il ?

L’outil GES 1point5 prend en compte les déplacements professionnels, les déplacements domicile-travail et les consommations du bâtiment (électricité et gaz essentiellement). Les gestionnaires nous envoient des listes d’informations concernant les missions et l’outil fait une estimation grâce à des coefficients par moyen de transport et par kilomètre. D’autres paramètres permettent d’affiner et d’interpréter les bilans. Pour le déplacement domicile-travail, un sondage a été mis en place tandis que la consommation du bâtiment est fournie par l’université.

Qu’avez-vous constaté à l’IMN ?

Lorsqu’on pense au bilan carbone dans la recherche, on pense aux aller-retours en avion. Il n’est pas rare d’aller à l’autre bout du monde pour une réunion ou une conférence d’un jour ou deux mais les pratiques ont commencé à changer avec la visioconférence. Finalement, c’est la consommation de gaz du bâtiment qui était majoritaire lors de notre étude en 2019, donc avant le Covid, avec 60-70% du total des émissions du laboratoire, ce qui est surprenant pour un bâtiment extrêmement récent. Ces résultats sont probablement dus à la forte consommation des plateformes du 4ème étage. J’attends des examens plus détaillés pour comprendre d’où viennent ces chiffres étonnants et ainsi avoir des données par étage.

Quelle est l’étape suivante ?

Dans le Labos 1point5, je participe à des groupes de réflexion pour la mise en place de solutions potentielles de réduction. Nous nous inspirons entre autres de démarches initiées en France mais surtout à l’étranger. Ce sont en général des initiatives provenant des universités, et il faut reconnaître que la France est en retard. Par exemple, des universités suisses ou belges ont déjà instauré des taxes carbone et/ou des limitations comme l’interdiction de prendre l’avion en dessous d’un certain nombre d’heures de train. Pour l’instant, le collectif Labos 1point5 est à l’étape des bilans et de la réflexion sur les solutions potentielles (et les moyens pour les mettre en place collectivement). Je suis en discussion avec l’université pour mieux évaluer et réduire les émissions du bâtiment. Nous espérons des actions efficaces le plus rapidement possible.

En savoir plus

https://labos1point5.org/

À propos

Arthur Leblois est aussi engagé dans le collectif Action Climat Environnement (ACE), qui réunit des étudiants et personnels du campus Carreire engagés pour l’environnement.
En savoir plus : www.ace-ub.fr

Contact


Propos recueillis par Alban Belloir

Publication: 17/02/22
Mise à jour: 23/02/22