
Neurasmus : renouvellement du financement par la Commission Européenne
Durant l’été 2025, la Commission européenne a annoncé le renouvellement du financement du programme Neurasmus pour 6 années supplémentaires, soit 4 cohortes. Cela permettra d’assurer une vingtaine de bourses étudiantes par an. Nous avons rencontré Pascal Fossat, professeur à l’université de Bordeaux, coordinateur du programme depuis 2022.
Bordeaux Neurocampus : Pourriez-vous nous rappeler ce qu’est le programme Neurasmus ?
Pascal Fossat : Neurasmus est un programme européen de Master en Neurosciences ouvert en 2011. Il allie l’expertise de plusieurs universités et propose un programme impliquant au minimum deux mobilités internationales. Neurasmus est unique car il propose un programme « à la carte » où les étudiants ont la possibilité de choisir leur programme en fonction des spécialités des masters des universités partenaires – par exemple les circuits neuronaux à Bordeaux, la neurophotonique à Laval, etc.
Chaque année, ce master accueille une nouvelle promotion de 20 étudiantes et étudiants, venus des 4 coins du monde. Ce sont plus de 50 nationalités qui ont été représentées à ce jour ! Depuis la création du diplôme, ce sont 241 étudiants qui ont participé au programme. Avec un nombre de candidatures qui croit chaque année : nous atteignons les 1000 candidatures par an à présent.
C’est donc un master qui fait rêver bon nombre d’étudiantes et d’étudiants. Est-ce que les résultats sont au rendez-vous depuis 2011 ?
Absolument. Sur 181 alumni des promotions 2011 à 2021 que nous suivons, 99 ,9% ont actuellement une situation professionnelle dans un domaine scientifique associé aux neurosciences en tant qu’enseignant, ingénieur, chercheur, ou chef d’entreprise. Les 3/4 de nos alumni ont obtenu un doctorat en neurosciences à la suite du master. Et puisque l’aspect international est primordial, je préciserais que 60% sont en Europe et 25 % au Royaume uni, Etats-Unis et Canada. Seuls 2,5% sont retournés dans leur pays d’origine. Nous pouvons aussi être fiers de la production scientifique car au fil de toutes ces années, ce sont 686 articles qui ont comme co-auteur un étudiant ou ancien étudiant Neurasmus, soit environ 4 articles par alumni.
Ce renouvellement va-t-il de pair avec des nouveautés ?
. Université de Bordeaux
. Universidade Coimbra – Portugal
. Georg-August-Universität Göttingen – Allemagne
. Charité – Universitätsmedizin Berlin – Allemagne
. Université de Laval au Québec – Canada
. University of Galway – Irlande
La nouveauté majeure, c’est l’arrivée de l’université de Galway, en Irlande, qui a rejoint le groupe des universités partenaires – c’est-à-dire celles qui délivrent le diplôme – pour apporter son expertise en neuropharmacology. Galway est également un partenaire du projet d’université européenne ENLIGHT, tout comme Göttingen et Bordeaux. Mais neurasmus compte également de nombreux partenaires associés académiques, comme par exemple l’université libre d’Amsterdam qui est en charge de la science ouverte, mais également Bonn et Taïwan qui accueillent des stages.
De plus, la question du sens est très présente avec notre approche FAIR de la science : « Findable, Accessible, Interoperable, Reusable ». Nous croyons en une recherche transparente, éthique et responsable et nous faisons tout pour qu’elle soit une réalité.
Conscient que les domaines académiques restent limités à peu d’étudiants, nous souhaitons également ouvrir les perspectives des étudiants vers d’autres domaines professionnels pour leur permettre un choix éclairé de leurs trajectoires futures. Ainsi nous avons mis en place un partenariat avec 8 entreprises privés dont trois à Bordeaux : Apateya, AquiNeuro et TreeFrog.
Enfin, nous souhaitons que les étudiants soient très vite confrontés à la vie des malades pour bien percevoir les enjeux des désordres neurologiques dans toutes leurs dimensions, nous avons liés des partenariats associatifs avec La Maison du Cerveau et France Parkinson. Cela permet aux étudiants d’être au plus proche des patients et de donner davantage de sens et une nouvelle dimension à leur formation.
Neurasmus c’est une équipe ?
Bien sûr, nous avons une équipe d’enseignants-chercheurs avec tous les partenaires et le programme ne serait pas ce qu’il est sans notre chargée de projet, Jessica Baranger, qui fait un travail formidable. Nous avons à cœur de continuer sur cette lancée.
La dimension interculturelle participe à la richesse de ce master. Mais l’éloignement familial est une réalité parfois difficile pour les étudiants. C’est un défi pour un tel programme ?
C’est en tous les cas un point de vigilance, car pour certains étudiants, il s’agit de leur première expérience hors de leur ville, de leur pays voire de leur continent. Nous souhaitons avoir une approche axée sur le bien-être : une psychologue clinicienne est associée au programme depuis de nombreuses années et des séances de suivis sont prises en charge par le programme au besoin.
Et quand on voit, au bout des deux ans, les liens qui unissent les étudiants de chaque promotion malgré leurs différences initales, dans toutes leurs diversités culturelles, se tomber dans les bras pour se féliciter et fêter leur diplôme, c’est émotionnellement très fort.
Justement, un nouveau renouvellement, ça se fête ?
Malgré l’immense joie que procure le renouvellement, nous n’allons pas le fêter à proprement parler. En revanche, je donne rendez-vous le 16 juillet 2026, pour célébrer le 15 ans du Master Neurasmus ! Il est encore un peu tôt pour dévoiler le programme, mais une journée scientifique en présence des alumni sera organisée à Bordeaux. Notez la date !
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Mise à jour: 14/10/25