Lieu : Centre Broca
Soutenance en anglais
Ivan Marniquet
NutriNeuro
Thèse dirigée par Jean-Christophe Delpech
Titre
Altérations cognitives hippocampiques et modification de la balance en acide gras polyinsaturés n-6/n-3 chez l’adulte : hétérogénéité en fonction du sexe.
Résumé
L’altération des fonctions cognitives, notamment l’apparition de déficits de mémoires dépendantes de l’hippocampe, dépend entre autres de facteurs environnementaux tels que le statut nutritionnel. En effet, tout au long de la vie, la nutrition participe à l’établissement et la maintenance d’une réserve cognitive optimale, définie comme la capacité de notre cerveau à répondre efficacement à toute demande cognitive afin de limiter le déclin physiologique de nos capacités cognitives. La nutrition, et plus précisément, la balance des acides gras poly-insaturés n-6/n-3 (AGPI n-6/n-3), a été largement étudiée en lien avec les altérations cognitives tout au long de la vie. Des études cliniques ont montré un lien entre un déclin cognitif accéléré et une consommation réduite d’AGPI n-3 alors qu’une supplémentation en AGPI n-3 est associée à des effets bénéfiques sur la mémoire chez les sujets âgés. Des études précliniques ont par ailleurs démontré qu’une déficience en AGPI n-3 dès la gestation perturbe la mémoire spatiale, induit des altérations des fonctions neuronales de l’hippocampe et des cellules immunitaires résidentes du cerveau, les microglies. Néanmoins, de nombreuses questions restent en suspens, incluant une meilleure compréhension de l’hétérogénéité des formes de déclins en lien avec les apports en AGPI et des mécanismes sous-jacents en fonction du sexe, la majeure partie des travaux précliniques n’ayant été réalisés que chez le mâle.
Dans ce contexte, le but de ma thèse a été dans un premier temps d’évaluer à l’âge adulte chez les deux sexes la présence de déficit de mémoire spatiale induite par une déficience gestationnelle en AGPI n-3. Mon hypothèse était que la déficience nutritionnelle en AGPI n-3 entrainerait également une altération de la mémoire contextuelle, une forme de mémoire épisodique, et serait associée à une altération des fonctions neuronales de l’hippocampe dorsal, à l’origine de troubles de mémoires spatiale et contextuelle. Enfin, sachant que les mémoires spatiale et épisodique sont particulièrement sensibles au déclin cognitif lié à l’âge, nous avons émis l’hypothèse qu’une balance équilibrée en AGPI n-6/n-3 pourrait prévenir les déficits observés dans un modèle murin de vieillissement accéléré.
Mes résultats montrent qu’une déficience gestationnelle en AGPI n-3 entraine chez l’adulte mâle et femelle un déficit de mémoire spatiale ainsi que de mémoire contextuelle, reposant sur l’altération de paramètres différents en fonction du sexe. Cette hétérogénéité s’exprime notamment au niveau des performances de mémoire contextuelle, les femelles montrant un déficit de mémoire dès 24h après l’apprentissage, alors qu’il apparait 10 jours plus tard chez les mâles. Au niveau cellulaire, ces déficits de mémoire sont associés à une augmentation de l’excitabilité intrinsèque des neurones pyramidaux de la région CA1 de l’hippocampe dorsal chez les femelles ; et à une absence de potentialisation à long terme, considérée comme le substrat de la mémoire, chez le mâle. Au niveau protéique, une altération de l’activité des protéines kinases ainsi que des protéines synaptiques a pu être mise en évidence avec des modulations spécifiques selon le sexe.
D’autre part, mes résultats montrent qu’une balance équilibrée en AGPI n-6/n-3 protège la mémoire contextuelle et est associée à une correction de l’inflammation hippocampique au cours du vieillissement.
Dans l’ensemble, ces résultats apportent des éléments de réponse sur les mécanismes mis en jeux par les AGPI pour assurer un fonctionnement optimal de l’hippocampe et des capacités cognitives normales. Ces travaux participent ainsi à améliorer notre compréhension de l’importance d’un apport équilibré en AGPI n-6/n-3 sur l’établissement d’une réserve cognitive optimale tout en mettant en évidence l’utilité de prendre en compte l’hétérogénéité liée au sexe.
Mots clefs : Mémoire, AGPI, hippocampe, excitabilité neuronale
Jury
- Sandrine Thuret Dr.PhD. King’s College London
- Mélanie Plourde PhD. Université de Sherbrooke
- Géraldine Poisnel PhD. INSERM Caen
- Mario Carta – PhD. IINS Bordeaux
- Bruno Bontempi – PhD. INCIA Bordeaux
- Sophie Layé et Aude Panatier – invitées.