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Women’s voices: Christelle Glangetas

Ce mois-ci, pour la série Women’s Voices, Sara Carracedo a rencontré Christelle Glangetas, chercheuse postdoctorale senior à l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN). Dans cet entretien, elle partage son parcours universitaire et évoque les défis liés à l’obtention d’un poste permanent dans le milieu universitaire.

Sara Carracedo : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours universitaire ?

Christelle Glangetas : Je suis chercheuse postdoctorante senior à l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN). Ma recherche vise à comprendre comment le cerveau contrôle les émotions et, inversement, comment les émotions modifient la plasticité cérébrale.

J’ai obtenu un doctorat en neurosciences à l’université de Bordeaux en 2014, à l’Institut interdisciplinaire des neurosciences, où j’ai étudié le rôle de la plasticité neuronale dans le contrôle de l’anxiété.Je suis ensuite partie en Suisse pour rejoindre l’équipe de Camilla Bellone en tant que post-doctorante, où j’ai travaillé sur les circuits moteurs et de l’anxiété  dans des conditions physiopathologiques (maladie de Huntington, troubles du spectre autistique).

En 2018, j’ai rejoint l’IMN grâce à une bourse postdoctorale de la Fondation de la Recherche Médicale (FRM). Je travaille dans l’équipe dirigée par Jérôme Baufreton et François Georges. Au cours des six dernières années, j’ai développé un axe de recherche portant notamment sur les mécanismes neuronaux impliqués dans les comportements d’anxiété , que j’espère poursuivre au sein de cette équipe en tant que maîtresse de conférence.

Quel est votre axe de recherche actuel à l’IMN ?

Je développe plusieurs projets scientifiques, dont le point commun est de comprendre comment certains circuits neuronaux contrôlent  les comportements sociaux et émotionnels. J’étudie en particulier le rôle des différentes populations neuronales du cortex insulaire (insula) dans les comportements sociaux et anxieux.

Vous avez reçu en 2025 le prix Marian Diamond, décerné par le comité inclusion et parité du Neurocampus. Comment pensez-vous que des prix comme celui-ci contribuent à soutenir et à promouvoir les femmes dans le domaine des neurosciences ?

Tout d’abord, je dois dire que j’ai été très heureuse de recevoir un prix de la communauté des neurosciences de Bordeaux, qui reconnaît mon travail scientifique et ma contribution à la vulgarisation scientifique. Ce prix m’a permis de partager mes dernières recherches sur l’insula et les préférences sociales en tant que conférencière invitée lors de la Journée Bordeaux Neurocampus, en juin dernier. Ce fut une occasion précieuse de nouer des contacts avec des collègues et de démontrer mon expertise. Être lauréate du prix Marian Diamond augmente également la visibilité, ce qui est une étape essentielle pour soutenir et promouvoir les femmes dans le domaine des neurosciences.

En tant que post-doctorante senior, avez-vous rencontré des difficultés particulières ou des obstacles structurels pour obtenir un poste de chercheuse permanent dans le milieu universitaire ?

Oui, j’ai rencontré des obstacles pour obtenir un poste permanent de chercheuse  dans le milieu universitaire, et je continue de rencontrer des difficultés en tant que femme post-doctorante senior. Je me suis posée la question suivante : Pourquoi n’ai-je pas de poste permanent malgré ma motivation, mon engagement et ma réussite ?

Nous savons tous que les neurosciences sont un domaine très compétitif, et c’est encore plus difficile pour les femmes scientifiques. En France, seul un nombre limité de postes de recherche est disponible chaque année, et les postes de maître de conférences peuvent être encore plus rares. Nous avons peu de postes et beaucoup de candidats ! La science a besoin d’un soutien financier accru de la part de notre gouvernement, cela ne fait aucun doute.

Mais quand même, pourquoi ? Je suis une excellente chercheuse et je pense vraiment que l’enseignement est fait pour moi. Je suis convaincue que mes quinze années d’expertise seraient bénéfiques pour les étudiants et la communauté scientifique. Malgré ces interrogations, je me passionne toujours autant pour les sciences, j’apprécie particulièrement les moments d’échange avec mes collègues et les étudiants. Je continue à apprendre et à me former pour enrichir mes connaissances et créer de nouvelles opportunités.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent faire carrière dans le domaine des neurosciences ?

Préparez-vous à réussir ! C’est très bien de planifier votre prochaine expérience scientifique, celle de demain, celle que vous voulez faire la semaine prochaine, mais voyez plus loin, voyez plus grand. Profitez de cet environnement professionnel riche que sont le Bordeaux Neurocampus et  l’université de Bordeaux. Réfléchissez à votre plan de carrière. Créez vos opportunités. Enfin, soyez vous-même, faites ce que vous aimez et ce pour quoi vous êtes douée.


A propos de Women’s Voices

Women’s Voices (Voix de femmes) est une série d’entretiens créée par le journal Brainstorm et par le Neurocampus Parity and Inclusion Committee (NeuroPIC),  groupe local engagé dans la promotion de l’égalité et l’organisation d’actions visant à combler le fossé entre les femmes et les hommes dans le monde universitaire L’objectif de cette section est d’accroître la visibilité des chercheuses en début de carrière à Bordeaux Neurocampus. Nous interrogeons les chercheuses sur leurs contributions scientifiques, leurs points de vue et leurs opinions sur l’équité, la diversité et les préjugés sexistes dans le monde universitaire. Grâce à ces entretiens, nous souhaitons non seulement mettre en lumière leurs réalisations, mais aussi servir d’inspiration à notre communauté scientifique et à d’autres femmes scientifiques.

Voir la série d’entretiens

Publication: 07/10/25
Mise à jour: 07/10/25