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Les Pandoravirus questionnent l’origine de la vie

L’identification par des chercheurs français de trois nouveaux membres de la famille de virus géants Pandoravirus, isolés à Marseille, Nouméa et Melbourne, rouvre le débat sur l’origine de la vie, qui ne serait plus forcément issue d’un seul et même ancêtre commun, indique une dépêche Reuters.

Les Pandoravirus ont un génome qui contient près de 2 500 gènes codant pour des protéines, leur donnant une autonomie par rapport aux cellules et leur permettant de rivaliser de complexité avec les bactéries. L’analyse comparative des génomes des six Pandoravirus connus a conduit les scientifiques français à l’hypothèse que les virus géants « inventaient leurs propres gènes ». « On s’est rendu compte que pour chaque nouveau Pandoravirus séquencé on trouvait une proportion très importante de gènes orphelins, c’est-à-dire un gène qui ne ressemble à rien de connu sur terre », affirme la microbiologiste Chantal Abergel.

Ces gènes orphelins sont aussi différents d’un Pandoravirus à un autre, rendant improbable qu’ils aient été hérités d’un ancêtre commun à toute la famille. L’équipe de virologistes à l’origine de la publication est constituée de chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale d’Aix-Marseille, associés à ceux du laboratoire Biologie à grande échelle (CEA/Inserm/Université Grenoble-Alpes) et du CEA-Génoscope.

Extraits du journal « La Marseillaise » :

La première découverte d’un virus géant (2003) avait chamboulé le domaine de la virologie et de la biologie. Les chercheurs en changeant d’approche par rapport à la taille du virus bouleverseront de manière inattendue la vision des virus et leur rôle dans l’évolution cellulaire, notamment le séquençage de leur génome associé à la nature virale. « Très rapidement on s’est rendu compte qu’ils étaient partout dans l’environnement et qu’ils joueraient un jour un rôle majeur notamment dans la régulation des populations planctoniques des océans », souligne Chantal Abergel.

Si on associe souvent les virus à des maladies, les géants demeurent généralement inoffensifs pour l’homme. « Ils sont tellement nouveaux que l’on pense que ce sont des réservoirs à découverte très inattendue. Ils peuvent reconnaître les cellules normales de la vie. C’est une source à la compréhension des systèmes, à de nouvelles stratégies de contrôle des cellules, c’est un questionnement qui nous ramène à l’origine de la vie, au rôle que les virus peuvent jouer dans l’évolution du monde cellulaire. Les virus sont de grands réservoir à innovation », assure Chantal Abergel.

Publication: 20/06/18
Mise à jour: 25/06/18